mercredi 12 septembre 2012

Espagne : Youtube censure une vidéo sur demande du gouvernement

Le 13 juillet 2012, des milliers de manifestants protestaient dans de nombreuses villes d'Espagne contre les mesures d'austérité (hausse de la TVA, gel des salaires, suppression de la prime de Noël pour les fonctionnaires...), notamment devant les sièges locaux du PP.

À Barcelone, Sergi García, un jeune de 33 ans, participe à la manifestation. Il reconnait avoir perdu son calme quelques instants et avoir insultés des policiers présents, ce qu'il dit regretter (El País, 27 août 2012). Puis il jette deux œufs contre le siège du PP. Vers 23 h 30 (environ 3 heures après les faits), alors que la manifestation est terminée, Sergi rejoint la station de métro pour rentrer chez lui. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il a été suivi par un policier en civil. Cinq Mossos d'Esquadra (agents de la police catalane) se jettent sur lui et, selon ses déclarations, le frappent.

Sergi passera 36 heures en garde à vue, on lui interdira de prévenir sa compagne puis il passera devant le juge avant d'être remis en liberté. Les policiers l'accusent de les avoir insultés pendant 15 minutes, d'avoir endommagé un véhicule de police, d'avoir jeté de la peinture contre le siège du PP, d'avoir résisté lors de son arrestation... ce qu'il nie. Lui accuse les policiers de coups et blessures, ce que deux consultations médicales (une à l'hôpital durant sa garde à vue puis une autre auprès de la Croix Rouge à l'issue de celle-ci)  et, selon son avocate, huit témoins confirment. Sergi présente des lésions au cou, au visage, à un bras, à la nuque, etc.

Le lendemain, des membres de la sous-commission audiovisuelle du mouvement du 15-M de Barcelone lui proposent de filmer son témoignage. Sur Youtube, cette vidéo a été vue plus de 190 000 fois.



Mais, depuis aujourd'hui, lorsque les internautes espagnols souhaitent la visionner, ils tombent là-dessus :

"Ce contenu n'est pas disponible dans votre pays suite à une demande de suppression du gouvernement."
Bien évidemment, chaque fois qu'un site supprime un contenu, cela engendre immédiatement l'effet Streisand et ledit contenu se multiplie comme des petits pains. En Espagne, le hashtag #holacensura est devenu en quelques heures l'un des plus populaires sur Twitter et des centaines (des milliers ?) de personnes sont en train de partager cette vidéo. En cherchant à faire disparaître un document au motif qu'il « portait atteinte à la sécurité des membres des Mossos d'Esquadra », les autorités espagnoles ont obtenu exactement le contraire de ce qu'elles souhaitaient : une diffusion incroyable.